Vol Cayes-Miami : le gouvernement célèbre un “tournant historique”, entre fierté et scepticisme

Vol Cayes-Miami : le gouvernement célèbre un “tournant historique”, entre fierté et scepticisme

Le gouvernement haïtien s’est réjoui, ce lundi 10 novembre, de l’inauguration du premier vol commercial direct reliant Les Cayes à Miami, assuré par la compagnie IBC Air. Présentée comme « une étape historique » pour l’aviation haïtienne et la région du Sud, cette initiative s’inscrit, selon les autorités, dans une vision de modernisation et de connectivité internationale.

Dans un communiqué officiel, le gouvernement a réaffirmé sa volonté de renforcer le transport aérien national et de placer les intérêts de la population au cœur de son action. Pour l’exécutif, ce vol symbolise la détermination de l’État à rapprocher les régions du pays du reste du monde et à offrir de nouvelles opportunités économiques à la diaspora.

Cependant, derrière le ton triomphal, plusieurs observateurs appellent à la prudence. Le secteur aérien haïtien reste fragile et marqué par de nombreuses failles structurelles. L’aéroport Antoine Simon des Cayes, bien que rénové, ne répond pas encore totalement aux standards internationaux. Des questions persistent sur la sécurité, la maintenance des pistes et la capacité à maintenir un service régulier et fiable sur le long terme.

De plus, le prix du billet Cayes/Miami demeure inaccessible pour une grande partie de la population, limitant la portée sociale de cette nouvelle liaison. Si cette initiative représente un pas en avant, elle reste marginale face à la réalité des infrastructures aéroportuaires du pays, dont plusieurs sont sous-utilisées ou en mauvais état.

Certains analystes y voient aussi un geste politique destiné à projeter une image de réussite dans un contexte national tendu. Pour d’autres, il s’agit d’un symbole encourageant, mais qui ne deviendra significatif que si l’État poursuit des investissements durables dans la sécurité, la maintenance et l’accessibilité du transport aérien.

Le vol Cayes/Miami marque donc un moment important pour l’aviation haïtienne, mais il faudra bien plus qu’un ruban coupé pour en faire un véritable levier de développement.

Jean Daniel PIERRE

GPL Media Libre

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