Cap-Haïtien : la BLTS arrête un suspect en pleine audition dans le bureau d’un juge d’instruction
Ce lundi 15 septembre, cinq agents de la Brigade de Lutte contre le Trafic de Stupéfiants (BLTS) ont procédé à l’arrestation d’un individu dans le bureau du juge d’instruction Me Frito Aristil, sans mandat ni autorisation. Une intervention jugée abusive par le magistrat, qui a immédiatement protesté auprès des autorités policières.
Le tribunal de première instance du Cap-Haïtien a été le théâtre d’un incident marquant entre justice et police. Alors qu’il entendait un individu dans le cadre d’une affaire, Me Frito Aristil a vu son bureau envahi par cinq agents de la BLTS, venus menotter et emmener l’auditionné.
Furieux, le magistrat a quitté le tribunal pour se rendre directement à la direction départementale du Nord de la PNH. Face aux journalistes présents, il a dénoncé une violation claire de ses prérogatives : « C’est une personne qui était dans mon bureau. Pendant que nous étions en train de parler, des agents de la BLTS sont entrés et l’ont arrêtée. Je pense que, lorsqu’une personne se trouve sous mon autorité, ils n’ont pas ce droit. C’est aussi simple que ça », a-t-il déclaré, précisant qu’il fera « ce que de droit »
Selon la presse locale, l’individu a été libéré peu de temps après l’intervention du juge et aurait regagné son domicile.
Ce nouvel épisode ne fait que confirmer un climat tendu entre les forces de l’ordre et le pouvoir judiciaire dans la deuxième ville du pays. En février 2024, le commissaire du gouvernement a.i., Me Charles Édouard Durand, avait été agressé physiquement par des agents de l’UDMO en pleine rue. Quelques mois plus tard, en mai 2024, des policiers du SDPJ avaient organisé un mouvement de protestation devant le Palais de justice, accusant le doyen a.i., Me Joseph Alfred Manigat, de corruption et exigeant justice pour l’assassinat de leur collègue Rémy Syncé.
Ces événements traduisent une rivalité persistante où chaque institution cherche à affirmer son autorité, au risque de compromettre la coopération nécessaire au bon fonctionnement de l’État de droit.
Alors que la population capoise attend des deux institutions qu’elles travaillent main dans la main pour assurer sécurité et justice, la multiplication de ces affrontements donne l’image d’un État fragilisé, où ceux qui devraient collaborer pour protéger la société se livrent à une lutte d’influence permanente.
Steeve Luc PIERRE
