À Carrefour, la grève lancée par un chef de gang réduit au silence jusqu’aux lieux de prière 

À Carrefour, la grève lancée par un chef de gang réduit au silence jusqu’aux lieux de prière 

La commune de Carrefour vit sa deuxième journée consécutive de grève, imposée par le chef d’un groupe armé local. Initialement déclenchée pour exiger la nomination d’un cartel intérimaire à la tête de la mairie, cette mobilisation continue d’avoir un impact profond sur la vie quotidienne, touchant aussi les quartiers voisins comme Fontamara.

Ce mardi, la paralysie s’est intensifiée : non seulement les commerces, institutions publiques et transports sont à l’arrêt, mais même les églises ont été contraintes de fermer leurs portes. C’est le cas notamment de l’église Tabernacle du Dieu de la Grâce, bien connue à Fontamara pour son jeûne communautaire traditionnel du mardi, un rendez-vous spirituel que les fidèles n’avaient jamais manqué jusqu’à aujourd’hui.

Les rues sont désertes, les visages fermés. Des témoins rapportent que plusieurs conducteurs de motos-taxis (motards) ont été fouettés pour avoir tenté de travailler, en violation des consignes imposées. Cette mesure de répression contribue à renforcer un climat de peur qui, même s’il n’est pas exprimé publiquement, est palpable dans toute la commune.

Carrefour est sous contrôle de ce groupe armé depuis plus d’un an. Durant cette période, malgré l’absence notoire des forces de l’ordre, les bureaux de l’État – tels que la DGI, l’ONI, l’OAVCT ou encore l’immigration – avaient continué à fonctionner. Mais depuis le lancement de cette grève, ces institutions ont elles aussi suspendu leurs services, se pliant aux consignes imposées localement.

La population, bien que frustrée, n’exprime pas ouvertement son désaccord. Dans un contexte où même l’État semble obéir aux injonctions locales, toute forme de contestation paraît risquée.

Au moment où s’ouvre le deuxième des trois jours annoncés de grève (28, 29 et 30 avril), aucune déclaration n’a encore été émise par les autorités haïtiennes. Pendant ce temps, Carrefour s’enfonce dans une paralysie profonde qui interroge sur la capacité réelle de l’État à exercer son autorité sur l’ensemble de son territoire.

GPL Media Libre

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