Grand’Anse: des enseignants en colère chahutent le ministre de l’éducation

Grand’Anse: des enseignants en colère chahutent le ministre de l’éducation

Arrivé lundi 24 mars en hélicoptère dans le département de la Grande-Anse, le ministre de l’Éducation nationale, Antoine Augustin, a participé avec son homologue de l’Agriculture, Vernet Joseph, à l’inauguration du marché public de la commune de Chambellan. Mais ce mardi 25 mars, alors qu’il s’est rendu au Lycée Nord Alexis, il a fait face à une contestation vive et sans précédent de la part des enseignants en grève.

Depuis le mois de janvier, ces derniers ont cessé de travailler pour protester contre leurs conditions de vie et de travail, dénonçant l’inaction des autorités face à leurs revendications salariales. Pendant ce temps, les élèves, livrés à eux-mêmes, ont tenté d’attirer l’attention sur leur sort en organisant plusieurs manifestations dans différentes zones du département. Ces protestations, souvent marquées par des affrontements avec des élèves d’écoles privées, témoignent de l’exaspération grandissante face à la crise qui frappe l’éducation publique dans la région.

Dès son arrivée dans l’enceinte du Lycée Nord Alexis, le ministre de l’Éducation nationale a été accueilli par un groupe de professeurs en colère, déterminés à faire entendre leur détresse. Dans un cri collectif, ils ont scandé : « Nous sommes révoltés ! Nous, les professeurs, vivons dans la misère ! ». Le climat était lourd de tension. Les enseignants n’ont pas hésité à interpeller directement Antoine Augustin, l’accusant, ainsi que l’État, d’avoir abandonné le secteur éducatif. Leur principal grief : le non-paiement de salaires décents dans un contexte où le coût de la vie ne cesse d’augmenter.

Plusieurs d’entre eux ont pris la parole pour dénoncer l’indifférence des autorités face à leur détresse. L’un d’eux a lancé avec force : « Aujourd’hui, nous sommes au pied de la vérité. Les discours creux ne suffisent plus. Nous voulons des actions concrètes. Les élèves pensent que nous refusons de travailler par choix, mais en réalité, nous sommes à bout. Nous ne pouvons pas leur transmettre le savoir alors que nous-mêmes vivons dans l’incertitude et la précarité. » Les professeurs ont insisté : ils ne reprendront pas les cours tant qu’aucune solution concrète ne sera trouvée. Pour eux, seule une revalorisation salariale leur permettra de reprendre leur mission d’enseignants dans des conditions dignes.

Face à la colère des enseignants, le ministre Antoine Augustin a tenté d’intervenir pour répondre aux doléances, mais sans succès. À peine avait-il commencé à parler qu’il a été interrompu par les protestataires, déterminés à ne pas laisser place aux promesses vides. Malgré ses tentatives pour calmer les esprits, le ministre n’a pas réussi à convaincre son auditoire. Son discours, jugé trop vague et éloigné des réalités du terrain, n’a fait qu’accentuer la frustration des enseignants.

Poussé par la pression ambiante, il a dû écourter sa visite. Même au moment de quitter les lieux et de monter dans son véhicule, les revendications ont continué de fuser. Des professeurs et des élèves l’ont interpellé, lui rappelant que l’éducation en Haïti est au bord de l’effondrement.

La situation au Lycée Nord Alexis est loin d’être un cas isolé. Partout dans le pays, les enseignants du secteur public expriment leur colère face à des conditions de vie de plus en plus difficiles. Sans salaire décent, sans ressources pédagogiques suffisantes, ils se retrouvent dans l’incapacité d’assurer leur mission.

Pendant ce temps, des milliers d’élèves sont privés d’éducation, sacrifiés sur l’autel de la crise économique et politique qui secoue Haïti. Cette visite ministérielle, loin d’apporter des solutions, a surtout mis en lumière l’ampleur de la détresse des enseignants haïtiens. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui devra agir rapidement s’il ne veut pas voir l’année scolaire sombrer dans le chaos.

Steeve Luc PIERRE

GPL Media Libre

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