Drame au Cap-Haïtien : Un cambiste assassiné dans une chambre d’hôtel
Ce mardi 18 février, un terrible drame a secoué la ville du Cap-Haïtien. Un homme, Sylvestre Emmanuel, plus connu sous le surnom de « Manno », a été assassiné dans une chambre de l’hôtel « Le Flambeau », situé non loin du monument Vertières. Selon les premières informations, la victime était un cambiste bien connu dans le quartier de Carrefour Zo Vincent. L’auteure présumée du crime, Joanne Jeune, a été arrêtée sur place après avoir tenté de s’enfuir et est actuellement sous le contrôle des autorités policières du Cap-Haïtien.
D’après les témoins et les premiers éléments d’information , la femme aurait attiré Manno dans l’hôtel sous prétexte d’un échange de devises pour un client de la diaspora. Séduit par la perspective d’une transaction lucrative, le cambiste se serait rendu à l’hôtel avec une importante somme d’argent en sa possession, environ 200 000 gourdes. Cependant, ce qui devait être un simple échange monétaire s’est transformé en un véritable guet-apens.
Dans l’après-midi, des cris ont alerté le propriétaire de l’hôtel et les autres résidents. Manno aurait tenté de fuir, mais il s’est retrouvé piégé dans la chambre. Plusieurs fenêtres ont été brisées dans ce qui semble être une lutte acharnée pour sa survie. Finalement, il a été poignardé à plusieurs reprises, notamment dans le dos. Contrairement aux premières rumeurs, aucune mutilation intime n’a été constatée sur son corps.
Après avoir commis son crime, Joanne Jeune aurait tenté de s’enfuir avec la valise contenant l’argent de la victime. Cependant, le propriétaire de l’hôtel, alerté par le bruit, a rapidement contacté la police. Se rendant compte qu’elle était prise au piège, elle aurait tenté de briser une fenêtre pour s’échapper. Mais derrière l’établissement se trouve une falaise abrupte, rendant toute fuite impossible.
À l’arrivée des forces de l’ordre, une foule en colère s’était déjà rassemblée devant l’hôtel. Les policiers ont dû faire usage de plusieurs tirs en l’air pour disperser la population et éviter un lynchage de la suspecte. Ligotée et visiblement blessée, elle a été placée sous le contrôle des autorités policières du Cap-Haïtien.
L’affaire a rapidement pris une tournure identitaire sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo devenue virale, on voit la suspecte ligotée, le visage en sang, tandis que des habitants du Cap-Haïtien l’interrogent. Lorsqu’on lui demande d’où elle est originaire, elle répond « Charrier ». Une voix dans la vidéo réagit alors en affirmant que son accent ne ressemble pas à celui d’une Capoise, insinuant qu’elle viendrait de Port-au-Prince.
Cette remarque a alimenté le sentiment régionaliste qui oppose depuis longtemps les habitants du Nord et ceux de l’Ouest, certains Capois affirmant que leur ville est plus paisible que la capitale et que ce genre de crimes est inhabituel dans la région.
Pour le moment, la police judiciaire du Cap-Haïtien poursuit son enquête afin de déterminer les véritables motivations de ce crime. Était-ce un meurtre prémédité ? Une tentative de vol qui a mal tourné ? Une chose est sûre, la mort brutale de Sylvestre Emmanuel alias Manno laisse derrière lui une famille en deuil, notamment ses quatre enfants.
Ce drame relance également le débat sur la sécurité dans les hôtels et la vulnérabilité des cambistes, souvent ciblés par des criminels en raison des importantes sommes d’argent qu’ils manipulent au quotidien.
Steeve Luc PIERRE
