Tragédie en RD : la mort de Stéphora et le silence des autorités haïtiennes
Deux semaines après le décès de Stéphora Joseph lors d’une excursion organisée par l’école Leonardo Da Vinci en République dominicaine le 14 novembre, la famille de cette jeune élève haïtienne reste dans l’angoisse et l’incompréhension.
Lovelie Joseph, sa mère, raconte avec douleur les instants qui ont précédé la perte de sa fille. « J’ai reçu un premier appel m’informant que ma fille avait un malaise, puis un second appel qui a confirmé mes pires craintes », explique-t-elle. À son arrivée sur les lieux, elle décrit une scène chaotique : « Des mouvements inhabituels, la présence policière renforcée, des ambulances… J’ai vu impuissante le service chargé des corps emporter celui de ma fille. Aucun responsable de l’école ne m’a fourni d’explication. C’est finalement un policier qui m’a annoncé le décès de Stéphora. »
Stéphora, élève brillante et parmi les meilleures de sa classe, était régulièrement victime de moqueries de ses camarades, ciblant sa couleur de peau et ses cheveux crépus.
Au-delà de la tragédie personnelle, ce drame révèle une carence inquiétante des autorités haïtiennes. À ce jour, ni le ministère des Affaires étrangères ni le ministère des Haïtiens vivant à l’étranger voire le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé n’ont daigné s’exprimer publiquement ou entreprendre une enquête pour soutenir la famille et faire la lumière sur les circonstances de la mort de Stéphora. Ce silence interpelle sur la réelle considération accordée par l’État haïtien à la sécurité de ses citoyens, même hors du territoire national.
De son côté, l’école Leonardo Da Vinci reste muette, aggravant le sentiment d’impunité et de négligence entourant l’événement. La famille Joseph déplore ce vide institutionnel qui prive les parents d’explications et d’un minimum de soutien officiel.
Pour Lovelie Joseph, la perte de sa fille ne se limite pas au deuil personnel : elle est aussi une confrontation avec un système étatique silencieux et défaillant. La communauté haïtienne attend désormais des actions concrètes et des réponses immédiates pour que ce drame ne tombe pas dans l’oubli et pour protéger les enfants haïtiens à l’étranger.
Jean Daniel PIERRE
