De Nairobi à Port-au-Prince : une mission sans moyens face à un pays sans État

De Nairobi à Port-au-Prince : une mission sans moyens face à un pays sans État

Le 25 juin 2024, 400 policiers kényans foulaient le sol haïtien, porteurs d’un espoir immense. Un an plus tard, la réalité est implacable : les résultats sont dérisoires, l’insécurité s’aggrave, et ceux qui avaient promis aide et solidarité n’ont offert que mépris et lâcheté. Pire encore, les autorités haïtiennes brillent par leur incompétence et leur absence totale de vision.

L’arrivée des policiers kényans avait suscité un élan d’espoir sans précédent dans un pays ravagé par les gangs, l’insécurité et l’abandon. Le peuple haïtien, à bout de souffle, avait accueilli cette force comme une bouffée d’air, malgré les critiques légitimes sur les modalités de la mission. Un an après, ce même peuple se sent trahi, abandonné, humilié.

Non, les Kényans ne sont pas à blâmer. Ils ont eu le courage que d’autres n’ont pas eu : celui de répondre présents. Certains sont tombés sur le champ de bataille. Mais cette mission est une coquille vide : sous-équipée, sous-financée, sans coordination stratégique, en proie même à des tensions avec les policiers haïtiens sur le terrain.

Pendant ce temps, ceux qui prétendent être les “amis” d’Haïti se sont contentés de promesses creuses et de gestes symboliques, parfois ridicules. En novembre dernier, les Bahamas avaient envoyé 6 policiers… qui sont repartis chez eux peu après. Belize ? Deux policiers. La Jamaïque ? 24. Et pourtant, ce sont ces pays qu’on mettait en avant pour donner l’illusion d’une coalition. Pire encore, les Bahamas avaient promis deux navires pour surveiller nos côtes. Jusqu’à aujourd’hui, pas la moindre silhouette de bateau en vue.

Et le Guatemala ? On les a vus lors de leur arrivée, photo de groupe à l’aéroport. Depuis, silence radio. Sont-ils encore là ? Personne ne sait. Voilà la fameuse force multinationale : un mirage, une mascarade.

Mais le scandale le plus flagrant reste l’attitude de pays comme les États-Unis, éternels donneurs de leçons. Incapables d’assumer le leadership de la mission, ils ont préféré financer à distance, tout en injectant des milliards en Ukraine ou en Israël – un État qui massacre des enfants à Gaza. Haïti, elle, peut continuer à brûler.

Et que dire de nos autorités haïtiennes ? Elles sont la honte de cette République. Absentes. Incapables. Complices. Les gangs ont pris le pays en otage, pendant que nos chefs de transition s’échangent des postes, protègent leurs clans, et organisent leur propre survie politique. Aucune politique de sécurité, aucun plan sérieux, aucun mot pour le peuple qui souffre. Leur inaction n’est pas de l’ignorance : c’est de la trahison pure et simple.

Le peuple haïtien n’attend plus rien de la “communauté internationale”. Elle a prouvé son hypocrisie. Il n’attend plus rien non plus d’un gouvernement haïtien déconnecté, qui a perdu toute légitimité. L’histoire retiendra que même dans la plus grave crise de son existence, Haïti n’a pas été abandonnée par les autres : elle a été abandonnée par ses propres dirigeants.

GPL Media Libre

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