Gressier : un an d’enfer sous l’emprise des gangs et dans l’oubli de l’État
Ce 10 mai 2025 marque une année depuis que la commune de Gressier est tombée entre les mains du gang armé dénommé « 103 Zonbi ». Une occupation violente marquée par des massacres, des pillages, des incendies, et un silence accablant de l’État haïtien.
Depuis l’envahissement de la commune en mai 2024, les gangs ont pris le contrôle de plus de la moitié du territoire. Ils y imposent leur loi, chassant les habitants, incendiant les maisons, et saccageant les entreprises locales. En juillet 2024, ils ont incendié puis démoli le commissariat de la ville, symbole criant de l’effondrement de l’autorité publique.
Deux véhicules blindés de la Police nationale d’Haïti (PNH) ont été réduits en cendres : le premier le 27 mai 2024, le second le 22 février 2025. Dans l’intervalle, l’agent 1 Dorcé Sudery, membre de l’unité SWAT, a succombé à ses blessures le 10 septembre 2024 après avoir été blessé à la jambe lors d’un affrontement contre les gangs, survenu trois jours plus tôt.
Du côté des gangs, aucun bilan officiel n’est disponible. Aucune enquête n’a pu être menée sur place. Depuis juillet 2024, la Route nationale #2 est totalement impraticable. Pour se rendre dans le Sud, il faut désormais passer par la mer ou emprunter des sentiers montagneux, risqués et épuisants.
La population déplacée vit depuis un an dans des conditions inhumaines. Éparpillée à Léogâne, Petit-Goâve, Aquin ou même plus loin, elle survit sous des tentes, sur des places abandonnées. Gressier est devenu un territoire perdu, oublié par l’État, ignoré par la presse nationale, délaissé par les O.N.G et les défenseurs des droits humains.
Même les rares interventions policières en provenance de Léogâne, vers des zones comme Santo ou La Colline, sont jugées insuffisantes. La peur règne, les maisons ont été vidées de tout ce qu’elles contenaient, et les produits volés sont revendus ailleurs, notamment dans les marchés de Carrefour.
Malgré ce sombre tableau, les habitants de Gressier n’ont pas renoncé à l’espoir. Ils rêvent de retourner un jour sur leurs terres, même réduites en ruines. Car cette commune meurtrie vit encore dans le cœur de ceux qui y sont nés.
