Quand les gangs chassent l’État à Port-au-Prince !
Non, ce n’est pas un rêve. Plus de 85% de la capitale haïtienne est controlée par des groupes armés. Ville macrocéphale où se concentrent services, pouvoir politique et une partie considérable de la population urbaine, Port-au-Prince est presque orpheline de ses institutions étatiques, chassées par la violence des gangs de la coallition Viv Ansanm.
Circuler à Port-au-Prince, c’est côtoyer la mort et ce, à presque tous les endroits de cette ville. Presque quotidiennement, des criminels tuent, brûlent des quartiers entiers et chassent les habitants. Ayant la responsabilité de garantir la sécurité de son territoire et de ses citoyens, l’État, aussi paradoxal que cela puisse paraître, a pris la poudre d’escampette.
Symbole du pouvoir politique, le palais présidentiel reste planté comme une vielle maison hantée, poussant ainsi les dirigeants qui devaient y siéger, à mettre le voile pour se reposer au haut de Bourdon en attendant la chasse des esprits par on ne sait qui. Aux alentours, ce sont les balles qui remplacent son orchestre.
Les palais législatif et de justice se délocalisent également pour la même cause. Des hôpitaux, des marchés et des places, des écoles nationales, des lycées, des facultés, des prisons et des cimetières sont devenus non accessibles. L’État est mis en déroute par des criminels armés, dirigés par l’ancien policier Jimmy Chérizier alias Barbecue.
Plus d’une centaine d’institutions appartenant à l’État n’existent que de nom. Si certaines sont relocalisées dans des zones comme Delmas, Petion-Ville, le service offert laisse toujours à désirer, alors que ceux et celles qui y travaillent sont grassement payés avec l’argent des contribuables.
La police nationale et les Forces Armées d’Haïti, bien que bénéficiant du support de la force multinationale, tardent à agir contre le phénomène de l’insécurité qui ronge des familles haïtiennes. N’est-on pas en face d’un État failli en Haïti ?
Wesker Sylvain
