La PNH réprime violemment une manifestation contre les gangs et le pouvoir

La PNH réprime violemment une manifestation contre les gangs et le pouvoir

À Port-au-Prince, des milliers d’Haïtiens ont investi les rues pour protester contre l’inaction des autorités face aux gangs armés qui terrorisent plusieurs quartiers. Mais au lieu de protection, ils ont essuyé une répression violente de la police, alimentant davantage leur frustration et leur colère.

Face aux assauts répétés des gangs, les habitants de Canapé-Vert, Bourdon, Lalue et Turgeau ont décidé de prendre les choses en main. Brandissant des machettes et des fusils, certains manifestants réclamaient un véritable soutien aux forces de l’ordre pour combattre la criminalité. D’autres arboraient des drapeaux russes et portaient des pancartes avec les noms de Vladimir Poutine et d’Ibrahim Traoré, considérés comme des symboles de résistance contre les ingérences étrangères et la faiblesse des dirigeants locaux.

La foule s’est dirigée vers Musseau, à Delmas 60, près de la Villa d’Accueil, où siègent le gouvernement et le Conseil présidentiel de transition. Mais à peine arrivés, les manifestants ont été accueillis par une pluie de gaz lacrymogènes et des tirs de balles réelles de la part des forces de l’ordre.

La répression a été particulièrement violente. Plusieurs manifestants ont été blessés, dont un jeune homme atteint d’une balle à la jambe. Ce déchaînement de violence a déclenché une vague d’indignation au sein de la population.

« Ils savent très bien où aller pour utiliser ce genre de moyens, mais ils choisissent de les retourner contre nous », s’indigne un protestataire. Ces propos traduisent une frustration profonde : alors que les gangs sèment la terreur en toute impunité, les forces de l’ordre, censées protéger la population, répriment ceux qui osent réclamer justice et sécurité.

Un autre manifestant ajoute avec amertume : « La police continue de protéger les criminels en col blanc, comme elle l’a toujours fait. » Pour lui et bien d’autres, la répression violente contre des citoyens en détresse contraste avec la passivité des autorités face aux bandits qui contrôlent de vastes territoires du pays. Cette colère est d’autant plus grande que, selon certains protestataires, plusieurs zones sont régulièrement attaquées par des gangs sans que la police n’intervienne efficacement.

L’ironie de la situation n’échappe pas aux manifestants. « Ils utilisent les gaz lacrymogènes et les balles contre nous, mais quand ce sont les gangs qui attaquent, on ne les voit pas réagir aussi rapidement », déplore un autre. Pour beaucoup, cette attitude des forces de l’ordre traduit un dysfonctionnement majeur au sein de l’État, où la sécurité semble être un privilège réservé à une élite politique et économique.

Les manifestants ne se sont pas contentés de dénoncer les gangs : ils ont aussi exigé la démission du Premier ministre Alix Didier Fils Aimé et des membres du Conseil présidentiel de transition, accusés de passivité et d’incompétence dans la gestion de la crise sécuritaire.

La situation est explosive. Entre l’exaspération du peuple, la montée en puissance des gangs et une police accusée de servir les intérêts des élites, Haïti semble plus que jamais au bord du gouffre.

Steeve Luc PIERRE

GPL Media Libre

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