Haïti : l’Union européenne sanctionne des figures politiques accusées d’alimenter la violence des gangs
L’Union européenne a franchi un nouveau pas contre l’impunité qui règne en Haïti en annonçant, ce lundi, des sanctions ciblées à l’encontre de trois personnalités politiques de premier plan. L’ancien président Michel Martelly ainsi que les ex-sénateurs Youri Latortue et Rony Célestin sont désormais visés pour leur implication présumée dans la déstabilisation du pays, notamment à travers leurs liens supposés avec des gangs armés.
Parmi les accusations les plus graves figure celle impliquant directement Rony Célestin dans l’assassinat du journaliste haïtien Néhémie Joseph, tué dans des circonstances violentes qui avaient profondément choqué la corporation et l’opinion publique. Selon les autorités européennes, l’ancien sénateur serait lié à des réseaux criminels armés et à des activités de contrebande, éléments qui renforcent les soupçons autour de son rôle dans cet assassinat resté jusqu’à présent impuni.
Le Conseil de l’Union européenne souligne également que Michel Martelly et Youri Latortue auraient, pour leur part, apporté un soutien matériel à des groupes criminels, notamment par la fourniture d’armes, dans le but de consolider leur influence politique et économique. Ces pratiques auraient contribué à l’expansion de la violence armée et à l’aggravation de l’insécurité qui frappe durement la population haïtienne.
Face à la gravité des faits reprochés, l’Union européenne a décidé de geler l’ensemble des avoirs détenus par ces trois responsables sur son territoire et de leur interdire l’accès à l’espace Schengen. À travers ces mesures, Bruxelles affirme vouloir envoyer un signal fort en faveur de la lutte contre l’impunité, de la protection des journalistes et du respect de l’État de droit en Haïti.
L’assassinat de Néhémie Joseph, symbole des dangers auxquels sont exposés les professionnels de la presse dans le pays, demeure un rappel tragique des conséquences de la collusion entre politique, criminalité et violence armée. Pour de nombreux observateurs, ces sanctions internationales pourraient marquer un tournant dans la quête de justice pour les victimes et dans la lutte contre les réseaux qui alimentent le chaos sécuritaire en Haïti.
Jean Daniel PIERRE
