Mario Andrésol : le retour raté
Longtemps perçu comme le symbole d’une Police nationale forte et disciplinée, Mario Andrésol est revenu sur le devant de la scène en janvier 2025 avec la promesse de contribuer à la reconstruction sécuritaire du pays. Mais depuis son installation comme secrétaire d’État à la Sécurité publique, c’est le silence, l’inaction et la désillusion qui dominent. L’ancien « sauveur » d’hier semble désormais absent du combat.
De 2005 à 2012, Mario Andrésol avait réussi à imprimer une marque indélébile à la PNH. Son passage à la tête de l’institution avait redonné confiance aux policiers, renforcé l’unité interne et produit des résultats concrets. Pour beaucoup, ce fut la période la plus glorieuse de la police haïtienne. Certes, l’appui de la Minustah avait joué un rôle non négligeable, mais Andrésol avait su incarner l’autorité et le leadership.
Dès lors, à chaque échec d’un nouveau directeur général, son nom revenait comme un refrain : « Sous Andrésol, ce n’était pas ainsi ». Cette nostalgie faisait de lui un recours naturel, presque une figure providentielle.
C’est donc avec un grand soulagement qu’une partie de la population a accueilli sa nomination, le 14 janvier 2025, comme secrétaire d’État à la Sécurité publique. Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé voyait dans cette décision un signal fort : le gouvernement voulait frapper un grand coup pour affronter la spirale de l’insécurité.
Dans son discours d’installation, Andrésol avait d’ailleurs promis des actes immédiats : « Chaque jour qui passe sans action concrète renforce l’insécurité et le désespoir. Mon engagement est de poser des actes visibles pour rétablir un climat de sécurité. » Ces paroles avaient rallumé la flamme de l’espérance.
Cependant, les mois ont passé et l’attente s’est transformée en frustration. Ni plan stratégique, ni résultats tangibles, ni même interventions médiatiques pour rassurer l’opinion : Mario Andrésol a choisi le mutisme. Pendant ce temps, les gangs ont consolidé leur emprise sur le territoire, plongeant la population dans une peur constante.
Certes, on peut rappeler que le rôle d’un secrétaire d’État n’est pas celui d’un directeur général de la PNH. L’un fait de la politique, l’autre mène l’action opérationnelle. Mais justement, là où l’on attendait une vision, une orientation, une parole forte, il n’y a eu qu’un vide assourdissant.
Pire encore, en mai dernier, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrait Andrésol en train de chanter et de danser à Camp-Perrin. L’image a fait l’effet d’un électrochoc : comment celui qui devait incarner la rigueur et le sérieux pouvait-il donner une telle impression de légèreté alors que la nation s’enfonce dans la tourmente ?
Aujourd’hui, force est de constater que l’aura de Mario Andrésol s’est dissipée. Celui qui incarnait l’autorité et l’efficacité n’est plus qu’un haut fonctionnaire invisible. Son silence a fini par trahir ses promesses, et son absence d’initiative a brisé l’élan de confiance qu’il avait suscité.
En définitive, l’histoire de Mario Andrésol illustre la tragédie d’Haïti : des figures charismatiques portées aux nues par un peuple en quête de sauveur, puis réduites au silence par l’épreuve du pouvoir. Le « mythe Andrésol » s’est effondré. Et, pendant que les gangs poursuivent leur avancée, la population reste une fois encore livrée à elle-même, sans repère, sans protection, sans espoir.
