La nécessité d’un discours performatif ou le recours aux mesures fortes

La nécessité d’un discours performatif ou le recours aux mesures fortes

En l’état actuel des choses, l’État que peut-il envisager de plus pour endiguer le chaos dans lequel nous jette le système criminel représenté, officiellement, par la coalition des terroristes « viv ansanm » ? Il est un secret de polichinelle que ce qui reste de l’appareil étatique fonctionnant en Haïti semble avoir déjà joué toutes ses cartes, dans le cadre de cette « guerre »sans merci que livrent les puissants au peuple haïtien. Dans ce chaos, l’État qui est censé appeler à jouer, par essence, le rôle de protecteur du peuple, se trouve dans un état d’affaiblissementprogressif et de fragilité à cause de son émiettement et de sa connivence avec les instaurateurs d’une économie criminelle qui prévaut dans le pays depuis 2011 par l’implantation d’un pouvoir mafiocratique dénommé « bandit légal ». En légalisant et en étatisant le grand banditisme, l’État est, en partie, banditisé à son tour. En conséquence, au lieu que les pouvoirs publics s’exercent contre ce banditisme, ce sont au contraire, les réseaux criminels qui pourchassent l’État en le contraignant au maquis. 

Or, il est indéniable qu’en tout état de cause, l’État, quelle que soit sa « nature » ou sa « forme », a pour l’une des fonctionspremières de gouverner son peuple, et d’en assurer la protection contre ses agresseurs tant internes qu’externes que ça soit en temps de paix comme en temps de guerre. Aussi doit-il s’assurer d’avoir le plein contrôle de tout son territoire, habité ou nonhabité. C’est donc le rôle minimal de tout État, même primitif.N’est-ce pas pour cela, pour remplir ses fonctions régaliennes, l’État a toujours besoin de se doter d’un certain nombre de moyens appropriés ? 

Il est vrai que les fonctions et les responsabilités de l’État à l’égard de son peuple ne sont pas toujours tout à fait immuables. Autrement dit, l’agissement de tout État ne se manifeste pas toujours de la même manière partout et tout temps. Car tout dépend du système économique et politique qui est mis en place, le rôle d’un État peut muter, étant donné que cela détermine la position à adopter par l’État dans le cadre de toute dynamique de luttes de classe, comme l’a soutenuNicos Poulantzas, dans : l’Etat, le pouvoir, le socialisme. Or, nous vivons dans une société de classe. Nonobstant,l’ambivalence liée à sa double nature : « mi-homme mi- bête » – suivant certaine théorie de l’État – toute une série attributionspolitiques et sociales restent au demeurant l’apanage de l’État.Car, elles sont pour ainsi dire des attributions ontologiques de la notion d’État. 

Ainsi, le Philosophe Friedrich Engels, dans l’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, en dressant la genèse de l’Etat athénien dans l’antiquité et en guise d’exemple des plus anciens États, pour marquer la rupture du « peuple » avec lui-même en léguant ses responsabilités à cette nouvelle entité appelée, à partir du XVe et XVIe siècle « État », écrivit : « les anciennes organisations furent transformées, refoulées et on les remplaça par de véritables autorités d’État, tandis qu’au véritable « peuple en armes », se protégeant lui-même dans ses gentes, ses phratries et ses tribus, se substituaient une « force publique » armée, au service de ces autorités d’État, donc utilisable même contre le peuple ». Dans cet ordre d’idée chaque fois que nous parlons d’État-pouvoir ou de la puissance publique, nous faisons référence à cette force publique là. 

N’est-ce pas dans cette logique que « l’État haïtien » comme tout autre, d’ailleurs, se dote d’une série de dispositifs constituant, à la fois, un aspect essentiel de sa souveraineté et une condition de son instauration et de son maintien ? C’est en cela que se justifie la construction des prisons, la création des forces armées d’Haïti, de la police nationale d’Haïti, les cours de justice haïtiennes et des lois haïtiennes, etc. Ces dispositifs étatiques ont pour utilité de garantir non seulement la pérennisation de cet État-pouvoir, mais encore de protéger son peuple contre tout éventuel danger d’où qu’il vienne. Car, quoiqu’on puisse dire, l’idée d’un État sans un peuple sous ses ordres nous paraîtrait bien inconcevable et dérisoire.

Qu’en dira-t-on à l’existence d’un État « souverain » dépourvu à la fois de son peuple, de ses institutions symboliques et répressives, comme les prisons, les commissariats, les tribunaux et, de plusde son territoire ? Dans un tel cas, l’État ne cesserait-il pas d’exister tout simplement, sachant qu’étymologiquement ce mot dérive du verbe stare en latin qui signifie au sens premier « se tenir debout » ? Autrement dit, comment saisir l’exercice de la puissance Publique d’un État en dehors d’un cadre spatial dominé ? Bref, est-il possible de concevoir un État moderne ambulant ou un État mouvant sans ancrage ni puissance coercitive à l’égard de tout le reste de la société dans laquelle il s’exerce ?

Quand survient la catastrophe prévisibled’Haïti…

Ce qui est en train d’arriver à notre pays nous inquiète au plus haut niveau à la fois du point de vue de la pérennisation de la société haïtienne en tant que telle et aussi du point de vue de l’extinction ou non de notre État. Mais, il ne nous est pas, pourtant, surprenant. Car, ce qui poignit de loin depuis ces quinze dernières années contre notre État est en pleine réalisation croissante depuis après les événements de juillet 2018 et s’intensifie de manière exponentielle ces deux dernières années. Il y a donc urgence d’agir pour éviter d’être devenu pleinement un État chaotique aux yeux du monde entier, après avoir vécu plus deux siècles de fondation (1804-2025). 

Il doit être entendu que le pays ne peut pas être livré aux terroristes sans foi ni loi, quel que soit leur discours. Cela ne saurait être ni une option, ni une alternative.  Néanmoins, notre Haïti est, maintenant, littéralement, comme une bombe à retardement que nous pouvons désamorcer, si nous agissons à l’instant présent. Il faut admettre que nous sommes sous le règne d’une anarchie sanglante qui doit être combattue par tous les moyens y compris les plus drastiques. 

Le pays est en train d’être rongé par une crise sans précédent qui met en lumière la Fragilité de son appareil étatique qui fonctionne délibérément au mépris de la constitution du 29 mars 1987 qu’il s’était doté. Et, nous pensons que le fond du problème en réside. Car, tout bien considéré, les élites : politique, économique et intellectuellepassent quasi totalement à côté du projet de société qui fûtesquissé dans le préambule de cette dite constitution. Si la constitution de 86 constituait les rails d’un état de droit moderne, eh bien, nous sommes censés dérailler dès 1987. Mais, nous n’allons pas nous baguenauder sur cet aspect pour l’instant, il fera l’objet d’un tout autre article sur le cheminement du déraillement de ce projet d’État démocratique tel qu’il est traduit dans cet extrait ci-dessous, dans lequel on exposa les sept motifs pour lesquels le peuple a proclamé cette présente constitution :

1. Pour garantir ses droits inaliénables et imprescriptibles à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur, conformémentà son acte d’indépendance de 1804 et à la déclarationuniverselle des droits de l’Homme de 1948.

2. Pour constituer une nation haïtienne socialement juste, économiquement libre et politiquement indépendante.

3. Pour établir un État stable et fort, capable de protéger les valeurs, les traditions, la souveraineté, l’indépendance et la vision nationale.

4. Pour implanter la démocratie qui implique le pluralisme idéologique et l’alternance politique et affirmer les droits inaliénables du peuple haïtien.

5. Pour fortifier l’unité nationale, en éliminant toutesdiscriminations entre les populations des villes et descampagnes, par l’affectation de la communauté de langues et de culture, et par la reconnaissance du droit au progrèsà l’information, à l’éducation, à la santé, au travail et aux loisirs pour tous les citoyens.

6. Pour assurer la séparation et la répartition harmonieuse des pouvoirs de l’État au service des intérêts fondamentaux et prioritaires de la nation.

7. Pour instaurer un régime gouvernemental basé sur les libertés fondamentales et le respect des droits humains, la paix sociale, l’équité économique, la concertation et la participation de toute la population aux grandes décisionsengageant la vie nationale par une décentration effective.

En vérité, on peut affirmer, sans aucun risque d’être démenti,que pas même un seul de ces sept motifs énumérés ci-dessus ait été appliqué à date dans la gouvernance du pays au cours de ces trente-huit ans de proclamation de ladite constitution. Cela dit, nous avons élaboré une constitution à laquelle nous avons manifestement tourné le dos. Par exemple, pour rester dans le contexte actuel, au lieu d’avoir un état harmonieux d’un pouvoir exécutif bicéphale, nous acceptons plutôt que des étrangers nous taillent sur mesure un pouvoir exécutif décacéphale et désagrégé. Le pouvoir d’État est morcelé et distribué à dix cartels disjonctifs, divergents et discordants les uns des autres. Ce qui traduit éloquemment une volonté réelle de nous écarter le plus possible de la constitution en vigueur. 

Or, la non-application de cette charte constitue évidemment, à notre sens, un choix délibéré vers l’effondrement de cet État de droit embryonnaire. En n’appliquant aucun de ces motifs ci-dessus, le projet de paix sociale, de bien-être collectif, de liberté de la personne humaine, du respect des droits humains, de l’unité nationale, de justice sociale et de démocratie se révèle foiré. C’est quasiment un mort-né, en ce qui concerne notre constitution. En effet, ce qui arrive à notre pays n’est pas une fatalité, c’est la conséquence de notre inconséquence. Ainsi, nous devons la reconnaître et nous engager dans un sursaut pour retirer le pays de cette stagnation patineuse qu’il se trouve.

Il s’agit pour nous, dans ces propos, de lancer un vibrant appel à une « petite » prise de conscience sur le danger auquel nous faisons face et l’ampleur du désastre imminent qui nous guette. Car nous ne sommes pas convaincus que ces soi-disant dirigeants sont assez touchés de la dangerosité de cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Ils ne se soucient pas de nous, les couches populaires vulnérables et de surcroît, se remplissent les poches en toute impunité et dans la plus totale indifférence à notre égard. Cela doit cesser pour nous permettre de nous procurer – à travers des élections honnêtes et crédibles – d’autres dirigeants moins jouisseurs mais plutôt plus « serviteurs » que ces individus indignes hissés illégitimement et illégalement au timon des affaires.

À cet effet, cette prise de conscience concerne au premier chef ces officiels qui jouissent injustement les privilèges de l’État et qui sont restés les bras-croisés devant cette catastrophe innommable qui tend à l’extermination des plus faibles de cette société. Le pouvoir reste indifférent à l’égard de la souffrance du peuple haïtien, tandis que les détenteurs de l’autorité publiques sont grassement payés pour le protéger de tout danger quelconque. Tous les secteurs vitaux de la vie nationale doivent prendre conscience aussi du niveau d’irresponsabilité des autorités étatiques et s’engagent à jouer leur rôle face àl’inaction ou l’effacement de l’État. 

En ce qui nous concerne, haïtiens et haïtiennes des couches populaires qui subissons la guerre de l’économie criminelle, nous faisons notre devoir dans les limites de nos moyens en recourant à la stratégie de l’autodéfense populaire. Et, nous devons continuer tout en sachant que n’ayant pas les manettes à la main, nos actions sont limitées, pour cela, nous devons forcer la fraction de l’état qui n’est pas encore acquise à la cause de cette économie criminelle de mettre tout en œuvre pour freiner l’avancée des terroristes. C’est dans cette perspective que nous tirons la sonnette d’alarme en vue d’éviter le pire. Car, depuis un certain temps, nous assistons, dans le pays, au dépérissement de l’État à petit feu et à la décimation de notre société. 

L’État haïtien est dépossédé de plus en plus, des moyens logistiques appartenant à ses appareils répressifs, de sesinstitutions symboliques et de répression, de plus, d’une large portion de son territoire ; le pire, son peuple est devenu en même temps nomade et prisonnier d’un système criminel mis en place par la puissance d’argent agissant tant de l’intérieur que de l’extérieur du pays dans le but d’instituer et de consolider leurs mécanismes d’accumulation. Cette économie criminelletransnationale est axée sur le kidnapping, la traite des personnes, le trafic des organes, le trafic de drogues, des armes et des munitions, la contrebande, le blanchiment des avoirs, le détournement de biens publics et de prévarication, etc. 

Ce système (d’économie criminelle) fonctionne sur la houlette d’un réseau criminel organisé, connu sous l’appellation de gangterroriste qui se nomme tantôt « G-9 en familles et alliés », tantôt « viv ansanm », vivre ensemble dans le sang du peuple haïtien. Ce réseau de malfaiteurs sans foi ni lois ne fait que violer, voler, piller, tuer, incendier des résidences des membres des couches populaires de notre société d’apartheid. C’est ce qui leur est assigné comme tâche dans le système de domination, d’exploitation et d’extermination des plus faibles. Ce qui fait que des fois, on a tendance à réduire cette association criminelle à ses cruels exécutants. Pourtant, ils ne sont que des éléments hyperactifs d’un puissant système de prédation très complexe. Ils ne représentent qu’en réalité la pointe non-immergée de l’iceberg. 

Il s’agit pour ainsi dire d’un véritable système mafieux qui est devenu plus puissant que le système étatique, car cette mafia infiltre l’État dans tous ses rouages tout en plaçant des pions aux meilleurs endroits, tels que : à la direction de la douane, au ministère du commerce et de l’industrie, à la direction de l’Autorité Portuaire Nationale (APN) et l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN), à la banque centrale, (BRH) à la Banque Nationale de Crédit (BNC), à la Direction générale des impôts, (DGI) à la Direction Générale de la Police Nationaled’Haïti (PNH), au ministère de la justice et de la sécurité publique (MJSP), à la Primature et à la Présidence, etc. Bref, cette mafia est omniprésente et omnipotente dans tous les interstices des pouvoirs publics et para-publics. Ce qui fragilise l’État dans son ensemble tout en le minant de l’intérieur. Car, les malfrats sont informés en temps réel des tactiques et stratégiesde l’État, de ses forces et de ses faiblesses. Cela pose un sérieux problème qui fait penser que la mafia a pris le contrôle quasi-total du pouvoir d’État. Tout de même, l’État a failli à sa mission, il est en délabrement, à force d’être disloqué, mais tout n’est pas encore perdu, doit-on reconnaitre.

Les mésaventures effrénées de l’appareil étatique  au cours des quatre dernières années

 Ce système criminel qui, dans sa toute-puissance, a pu – aidé par des mécanismes de certaines puissances étrangères – assassiner Jovenel Moïse, président en exercice, dans la nuit du six au sept juillet 2021 sans s’inquiéter, montre de quoi il est capable. Quand bien même, celui-ci a été parachuté à la magistrature suprême de l’État par ce dit système même. 

Et, n’étant pas sur des charbons ardents après avoir organisé et commis cet acte odieux, le système en question se radicalise en ouvrant, jusqu’à la démesure, la vanne de la violence criminelle. Ainsi, l’organisation criminelle « viv ansanm », organe d’exécution du système d’économie criminelle, prend le contrôle des principales voies de communication du pays : wharfs, ports, aéroports et les principales routes nationales reliant les grandes villes. Par exemple, le principal port de Port-au-Prince a été évacué, le wharf de Jérémie, et celui dit wharf de cité-soleil pris d’assaut, l’aéroport international de Toussaint Louverture, attaqué, endommagé et les vols suspendus depuis à peu près seize mois.

Les quatre principales routes nationales reliant la Capitale de Port-au-Prince au reste du pays et à la Républiquevoisine sont toutes sous le contrôle des terroristes. La route nationale numéro 1 qui relie P-au-P- Cap-Haitien, en passant par St-Marc et Gonaïves, occupée par le groupe de terroristes dénommé « taliban » ; la RN2 qui sert de liaison entre P-au-P et la péninsule du Sud occupée depuis le 1er juin 2021 par le groupe cinq seconde et consorts ; la RN3 assurant la connexion entre P-au-P et le Nord en passant par le centre est sous le contrôle des groupes dénommés : 400 mawozo, chien méchant et taliban ; la RN8 reliant P-au-P et la République dominicaine est sous le contrôle des 400 mawozo. 

Dans l’intervalle, un Premierministre a été chassé par « viv ansanm », pas moins de quatre importants centres d’incarcération ont été vidés sans compter plusieurs dizaines de commissariats, sous-commissariats ou antennes de police qui ont été incendiés. Environ une quinzaine de blindés ont été incendiés et plusieurs dizaines de policiers tués suivant les rapports des organisations des droits de l’Homme. Le bilan est lourd. Toutefois, les initiatives entreprises par l’État n’en demeurent pas moins nombreuses non plus, mais sont quasiment vouées toutes à l’échec ou du moinsse révèlent inefficaces et inadéquates.

Les actions entreprises par l’État contre la coalition « viv ansanm »

Du pouvoir monocratique d’Ariel HENRI au pouvoir décacratique avec une espèce de présidence nanocephale de la CARICOM, les choses n’ont pas beaucoup changé. Au contraire on constate une intensification des forfaits du système criminel « viv ansanm ». On a changé de Premier ministre à deux reprises, on a changé de commandement de la Police, renforcé les forces armées, commandité les services touristiques d’un millier de policiers et soldats de différents pays, les services mercénariaux des Blackwaters, mobilisé des agents du « fameux » BSAP, déclaré l’état d’urgence, imposé de couvre-feu, recruté le « célèbre » Mariot Andréssol comme secrétaire d’État à la Sécurité Publique, créé une task force tout en dotant des drônes kamikazes, adopté un « budget de guerre », etc. etc.

Malgré tous ces « importants efforts » déployés, le système de l’économie criminelle continue à fonctionner pour la plus belle et ordonne au sous-système « viv ansanm », sa fraction armée,de conquérir d’autres territoires avec la plus grande terreur et la plus grande férocité possible. Prenons, par exemple, la dernière tentative d’invasion dans la commune de Las cahobas et les différentes attaques meurtrières perpétrées dans les communes de Petite-Rivière de l’Artibonite, de La chapelle, de MarchandDessalines, et la toute dernière en date, celle la commune de Liancourt où pas moins de trois agents de l’Unité Départementale du Maintien d’Ordre (UDMO) et deux autres brigadiers de l’autodéfense ont été sauvagement tués en date du 22 juillet 2025. 

La cruauté est insoutenable et la police nationale se contente de compter ses morts, peine à pouvoir récupérer même les corps des victimes. À l’heure actuelle les réseaux terroristes s’étendent largement, au moins, sur trois départements : l’Ouest, le Centre et l’Artibonite. Nous sommes, en effet, à la croisée des chemins où il faut choisir entre vaincre ou se laisser vaincre. Maintenant, on se demande qu’est-ce qui doit être fait concrètement pour vaincre ? Qu’est-ce que l’État n’a pas encore essayé pour freiner cette catastrophe ? L’État a-t-il déjà posé le problème, carte sur table, avec les commanditaires des actions posées par la fraction armée du « vivre ensemble » ? Sinon, ne serait-il pas envisageable de les inviter et les parler performativement ?

Et, si l’on tient la couleuvre par la tête au bon moment ?

Plusieurs manitous de ce système mafieux ont été « sanctionnés » soit par le Canada, soit par les États-Unis d’Amérique, par l’union Européenne, par la République Dominicaine ou par le système des Nations-Unies les accusant comme étant les patrons de cette coalition criminelle, pourtant le système criminogène reste encore plus inébranlable. Au contraire, chaque jour il se montre plus puissant en faisant faire à ses exécutants des démonstrations de force inouïes. Ce qui tend à convaincre plus d’un que ce système abusivement appelé viv ansanm (vivre ensemble, en français) est plus complexe que l’on ne le pense.

Il est plus robuste que ce qu’il paraît. Cette entreprise est d’autant plus redoutable à force d’être rentablepour les oligarques corrompus et implacables. D’ailleurs, elle estalimentée, en ressources humaines, pour les exécutants armés, du lumpen prolétariat urbain qui est une « ressource » très densedans la Capitale de Port-au-Prince. Ainsi donc, cette machine infernale ne manque pas de soldats-tueurs pour assassiner les paisibles citoyens et nos vaillants policiers qui les combattent.

L’analyse de la complexité de cette crise aiguë nous amène àproposer à ce que, le peu qui reste du pouvoir étatique disloqué, convoque collectivement ces patrons identifiés des terroristes, en leur adressant la parole dans un discours performatif, lequel tiendra lieu d’une mise en demeure : « vous devez arrêter de faire la guerre à la République ». Vu qu’ils sont déjà dans le viseur de la justice états-unienne, ce moment où se manifestent des signes avant-coureurs peut être opportun pour leur tenir en laisse et par la même occasion, de couper les vivresaux terroristes massacreurs. Car, ce sont bien eux mêmes, l’autoritésupérieure, qui financent et commanditent les actions de leur bras-armé du « viv ansanm ». 

Oui, il faut oser le dire haut et fort, ces prédateurs sanctionnés par les instances internationalesreprésentent bel et bien cette main invisible qui tire les ficelles derrière les rideaux de cette guerre unilatérale que nous subissons depuis après les émeutes du 6 -7 et 8 juillet 2018. C’est pourquoi, au lieu de faire semblant qu’on peut geler leur compte en banque dans le système bancaire haïtien qu’ils contrôlent, de déclarer mettre l’action publique en mouvement contre eux, il serait mieux de s’asseoir avec eux en présence des « grands blancs », leur bouchon et des « petits blancs », les sous-traitants pour poser le problème une bonne fois pour toutes en les responsabilisant du malheur d’Haïti tout en les exigeant inconditionnellement d’arrêter la guerre ipso facto. Il faut battre le fer quand il est chaud. Sachant que suivant ce vieux dicton : « se nan movepa kabrit trennen bèf ». 

Le contexte de l’arrestation de l’un des leurs (membre) peut être une bonne opportunité d’action avant que le pays soit remis à la bande à Olivier Barreau, le sept Août prochain. Il suffirait un peu de fermeté des « autorités » en place qui ne sont pas complices (?) pour les exiger, les yeux dans les yeux, de cesser de nous faire la guerre à travers les gangs terroristes qu’ils manipulent à des fins vaniteuses. Nous pensons que l’arrestation de Pierre Réginald BOULOS, aux USA, en tant que l’un des financeurs des terroristes peut être un facteur favorable à l’État pour mettre ses acolytes au pied du mur. Car, il nous paraît à la fois logique et stratégique, de s’attaquer à un animal dangereux soit quand il s’endort ou du moment qu’il est attaqué par un autre adversaire.

Or, les membres de cette caste prédatrice ne sauraient ne pas s’inquiéter, étant entendu que ce sont eux qui manigancent tout à leur profit en Haïti ; ayant le pouvoir de tout faire et de tout défaire, ils pourront tout aussi bien, faire taire les armes qu’ils ont donné, quitte à ce que se soit dans l’intérêt de bénéficier la « circonstance atténuante » de la justice américaine. Parce que, comme dit une (autre) maxime haïtienne, « lè bab kanmarad ou pran dife, ou mete pa w alatranp ». De ce fait, les autres oligarques et trafiquants de toutes sortes de produits illicites qui sont encore en liberté, sont censés sur la sellette en ce moment.C’est pourquoi, à mon avis, le moment est propice de contraindre ces criminels en col blanc à libérer le pays.

Nous pensons que, sommes toutes, le moment est venu pour que M. Fritz Alphonse JEAN pose, au moins, un acte significatif avant son départ le 7 Aout prochain comme coordonnateur du Collège Présidentiel de Transition. Passé ce délai, il ne pourra rien, même avec son budget de guerre en pleine exécution. Parce qu’à partir de cette date-là, il passera le maillet au tandem Saint-Cyr-Fils-aimé pour assurer la continuité du festin jusqu’à l’ivresse. 

Jean Willy Belfleur, Philosophe,Normalien Supérieur, Enseignant-Chercheur, Pédagogue et Essayiste

 

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