Engager Blackwater : et si le CPT jouait sa dernière carte ?
Tâtonner, les dirigeants haïtiens savent comment s’y prendre. Depuis environ cinq ans, la crise sécuritaire du pays cristalise les débats. Après l’assassinat de Jovenel Moïse en juillet 2021, la situation s’est dégradée considérablement. Sous la houlette de la Cariom, un Conseil présidentiel de transition a vu le jour en avril 2024 en remplacement à Ariel Henry, contraint de démissioner de son poste de premier ministre après avoir passé trois ans à la tête du pays. Un CPT, pour quel résultat ?
Si la priorité pour cette nouvelle structure politique serait d’en finir avec l’insécurité, d’organiser le référendum et les élections, toutefois, un an après, le pays s’engouffre davantage dans la crise. Des bandits armés chassent les citoyens de chez eux. Selon l’OIM, Haïti a franchi, en février dernier, la barre d’un million de déplacés à cause de l’insécurité, alors que les gangs continuent de se partager des territoires sous le regard passif des autorités.
Édgard Leblanc, Leslie Voltaire et Fritz Alphonse Jean se sont succédé à la tête du CPT dont le bilan, plus de 12 mois après, est nul. Les représentants du Collectif des partis politiques du 30 janvier et de Fanmi Lavalas n’ont pas pu trouver la formule pour mettre à quia les bandits réunis au sein de la coalition Viv Ansanm qui, selon la Caricom, aurait pour objectif de s’accaparer du pouvoir politique.
Quant au représentant de l’accord Montana, il mise sur ce qu’il appelle une économie de guerre, faisant ainsi de l’insécurité sa première priorité. Actuel cordonnateur du CPT, il peine à sortir le pays sous l’emprise des gangs malgré l’adoption du budget rectificatif de l’exercisse 2024-2025. A Mirebalais, Kenskoff, Petite-Rivière-de-l’Artibonite, c’est la pagaille totale suite aux différents assauts des bandits.
La Mission Multinationale en mal de résulats concrèts
Le déploiement de la Mission multinationale en appui à la sécurité en Haïti laisse encore perplexes bon nombre de citoyens. En effet, prèsque un an après l’arrivée de cette mission, conduite par le Kenya, plusieurs qurtiers sont tombés sous le contrôle des bandits armés et des institutions ont dû fermer leurs portes. La MMS peine à contrercarrer la puissance de feu des criminels.
Toutefois, la MMS se félicite d’avoir pu empêcher la prise totale de la capitale, contrôlée à plus de 85% par des gangs armés. Dans l’Artibonite, les opérations semblent s’éteindre depuis l’assassinat d’un policier kenyan. Plus d’une vingtaine de personnes sont recemment tuées dans la Petite-Rivière-de-l’Artibonite, la population livrée à elle-même.
Blackwater, une firme de sécurité américaine, dernière cartouche du CPT ?
A la fin du mois de mai, le quotidien américain N.Y times a révélé la signature d’un contrat entre Haïti et Erick Prince, fondateur de » Blackwatwer Worldwide ». Il est prévu, dans ce contrat, des opérations et la prise du contrôle de Port-au-Prince. Toutefois, les autorités haïtiennes n’ont pas réagi à ces révélations.
Ces dernières, qui tatônnent, semblent vouloir utiliser leurs dernières cartouches pour sauver la face, alors qu’il ne leur reste que quelques mois avant de remettre le pouvoir à des élus tel qu’il est prévu dans l’accord du 3 avril 2024. Le CPT, s’apputant sur cette firme de sécurité américaine, aura-il raison des gangs ?
Wesker Sylvain
