18 mai 2025 : La MMSS, une mise en scène sous un drapeau qu’elle ne porte pas

18 mai 2025 : La MMSS, une mise en scène sous un drapeau qu’elle ne porte pas

En ce 18 mai, le peuple haïtien commémore le 222e anniversaire de son drapeau, symbole d’une lutte historique pour la liberté et la souveraineté. Mais cette journée nationale, qui devrait être une source de fierté collective, est cette année encore parasitée par une communication officielle de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMS), qui se donne en spectacle dans un rôle qu’elle ne parvient pas à jouer.

Dans un communiqué lustré de formules consensuelles, la MMS se joint à la célébration, saluant « l’unité et la résilience » du peuple haïtien. Pourtant, la scène est irréelle : un appareil international mal ancré dans le réel local tente de se fondre dans une fête nationale dont elle ne porte ni le poids ni le sens. Car pendant que les discours se veulent rassurants, les faits eux, sont implacables : l’insécurité persiste, les gangs gagnent du terrain, et les citoyens continuent de fuir leurs quartiers, souvent sans aucune réponse concrète des autorités – nationales comme internationales.

Depuis son arrivée, la MMS accumule les promesses non tenues. Sa collaboration annoncée avec la Police Nationale d’Haïti ne produit que très peu de résultats visibles. Les opérations conjointes sont rares, peu coordonnées, et semblent parfois symboliques. Sur le terrain, on ne constate ni rupture avec les pratiques passées, ni méthode novatrice pour désamorcer la crise. Tout semble suspendu à des logiques bureaucratiques qui s’essoufflent face à la réalité haïtienne.

Les sommes mobilisées pour financer la mission sont colossales. Pourtant, les besoins urgents de la population – en santé, en éducation, en mobilité – demeurent sans réponse. On multiplie les réunions et les conférences, mais la population attend encore l’impact réel de cette machine diplomatique lourde et lointaine. Ce décalage alimente une méfiance silencieuse mais profonde. L’impression que la MMS est davantage un dispositif de façade qu’un outil efficace de transformation.

La célébration du drapeau devient ainsi, malgré elle, un révélateur de cette crise de crédibilité. Le symbole d’un peuple qui, en 1803, avait fait le choix de l’autonomie, se retrouve aujourd’hui tenu en laisse par des forces extérieures qui, bien que mandatées pour aider, ne savent toujours pas comment contribuer sans s’imposer. Le slogan de l’année, « Yonn Drapo, Yonn Pèp, Yonn Nasyon », sonne creux lorsqu’il est répété par une institution dont les actes peinent à prouver un réel enracinement dans la nation.

Ce 18 mai, la MMS aurait mieux fait de se taire, ou de se remettre en question. Car le drapeau haïtien n’est pas un accessoire de diplomatie : c’est un héritage de lutte. Et s’il doit flotter haut, ce n’est pas grâce à des alliances passagères ou des promesses internationales, mais par la mobilisation consciente, exigeante et autonome de celles et ceux qui vivent ici, chaque jour, avec dignité, lucidité et courage.

Jean Daniel PIERRE

GPL Media Libre

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