Dépenses du CPT : le RNDDH dénonce, la Présidence esquive et tente de rectifier sans convaincre
Suite à la publication d’un rapport accablant du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) sur les dépenses jugées excessives du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), la Présidence haïtienne a réagi ce mardi par un communiqué visant à démentir les faits. Toutefois, loin de fournir des contre-chiffres précis, elle s’est contentée de présenter des pourcentages budgétaires sans détails, suscitant davantage de doutes que de clarification.
Dans son communiqué, la Présidence déclare que le rapport du RNDDH contient des erreurs et des chiffres qui, selon elle, « n’existent pas ». Elle parle même d’exagérations grossières. Certains frais évoqués dans le document, peut-être ceux relatifs aux allocations pour remplir les réfrigérateurs, aux cartes de débit ou encore aux frais destinés aux conjoints, ne refléteraient pas la réalité, si l’on en croit la réponse ambiguë de la Présidence. Pourtant, à aucun moment, la note ne présente de documents officiels venant prouver l’inexactitude des chiffres avancés par le RNDDH.
Au lieu de répondre point par point aux montants évoqués, la Présidence a préféré publier un tableau de « pondération » indiquant le pourcentage du budget national consacré à la Présidence durant les dix dernières années. Ce tableau montre une variation allant de 1,3 % à 2,5 % selon les exercices fiscaux, mais n’indique pas de montants précis attribués aux membres actuels du CPT.
Ainsi, aucun élément dans cette communication ne permet de contredire concrètement les chiffres mentionnés dans le rapport, qui évoquent des millions de gourdes par mois en frais de fonctionnement, primes personnelles et avantages divers.
Par ailleurs, la Présidence reconnaît elle-même dans le texte que le budget actuel couvre, entre autres, des services comme la sécurité de la Villa d’accueil, les unités spécialisées, ou encore les agents affectés à la sécurité présidentielle. Une manière implicite de justifier l’enveloppe budgétaire du CPT sans pour autant lever le voile sur la répartition interne des fonds ni la liste réelle des bénéficiaires.
Dans un pays où la transparence est une demande pressante de la société civile, cette réponse partielle et floue ne fait que renforcer la frustration d’une population confrontée à l’extrême pauvreté, à l’insécurité permanente et à l’absence de services de base. Alors que de nombreux employés de l’administration publique attendent leur salaire depuis des mois, que les hôpitaux manquent de médicaments, et que la majorité des familles peine à se nourrir, les accusations du RNDDH méritent mieux qu’un simple tableau de pourcentages.
En définitive, face à une dénonciation aussi grave, seule la publication détaillée du budget du CPT et de ses postes de dépenses réels pourrait permettre à la Présidence de rétablir la confiance. Pour l’instant, cette réponse apparaît davantage comme une tentative de brouiller les pistes que comme un exercice de vérité.
Steeve Luc PIERRE
