La perversion de l’État, une nécessité à l’organisation de l’autodéfense populaire

La perversion de l’État, une nécessité à l’organisation de l’autodéfense populaire

Face à l’injustice et à l’oppression, il ne doit pas y avoir de neutralité ni d’inactivité. Rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur. Dans cet acte de positionnement et d’engagement, dans le contexte de cette guerre étatique que subit le peuple haïtien, j’entends articuler mon propos à partir de trois paramètres :

1. Situer la position et le rôle de l’État dans cette guerre ;

2. Dénoncer la relation contre-nature entre l’État et la coalition terroriste, sa fille ;

3. Encourager une autodéfense organisée par le peuple contre le « viv ansanm » étatique.

Devant la faillite de l’État, la garantie du droit à la vie des citoyens dans la cité relève du peuple. Pour la survie d’un peuple en agonie, l’autodéfense s’impose comme seule alternative pour combattre cet ennemi bicéphale – pour ce qui est de ses composantes internes.

Pour mieux illustrer la relation de pouvoir et de collaboration qui existe entre la coalition des terroristes qui s’auto-nomme « viv ansanm » et l’État, d’une part, et le peuple persécuté, d’autre part, je recourrai à la célèbre citation de Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix en 1984, disant ceci : « Si vous êtes neutres en situation d’injustice, alors vous avez choisi d’être du côté de l’oppresseur. »

Ainsi, vu l’oppression féroce que « viv ansanm » fait subir au peuple haïtien, si l’État, qui était censé être son protecteur légitime, ne le défend pas mais, au contraire, reste dans l’indifférence et le laisse périr sans le moindre secours, c’est qu’il est de connivence avec ce groupe d’escadrons de la mort, en lui ordonnant d’opérer en toute impunité aux dépens du minimum de droit à la vie des membres de la population, en tant que personnes humaines.

En conséquence, l’État étant, par définition (conventionnellement), cette entité puissante détentrice du monopole de la violence légitime – plus précisément de la violence physique légitime, suivant les propos de Max Weber –, en agissant en convergence avec les oppresseurs du pauvre peuple, dans le cadre de cette guerre effroyable qui ne dit pas son nom, c’est qu’ils ont les mêmes intérêts.

Sachant que cette entité-fille qui s’autoproclame « viv ansanm », en l’occurrence la coalition des criminels, terroristes qui ne vit que par l’écoulement du sang des couches populaires de la société haïtienne, représente son oppresseur, l’inaction de cet État prouve alors qu’il a choisi d’être du côté des sanguinivores.

Cela entraîne que ces deux puissantes entités forment, dès lors, un faisceau lumineux convergent contre le peuple. Car tant le feu des armes de cet « État » que celui des armes de la coalition « viv ansanm » se dirigent tous vers une seule cible, une seule proie : le peuple démuni et désarmé. Toutes les balles, d’où qu’elles viennent, atterrissent dans les têtes des honnêtes gens impuissants.

À titre d’exemple, le citoyen conséquent Elibert Idovic (du Canapé-Vert) a été lâchement abattu d’une balle dans le dos par les chiens de garde du statu quo qui se positionnaient dans les parages du Carrefour-Museau, lors de la manifestation contre l’insécurité organisée par les deux entités puissantes ci-dessus mentionnées. Cette manifestation populaire contre le banditisme d’État, le 19 mars 2025, à l’initiative des vaillants résistants du quartier du Canapé-Vert, a été réprimée sauvagement par les gardiens du système de terreur institué dans le pays depuis à peu près 14 ans.

C’en est trop ! On en a marre. Les territoires « perdus » ou livrés nous rendent errants dans notre modeste vie, tandis que les balles perdues nous rendent absents de la vie. Ce faisant, aujourd’hui, notre compatriote Elibert est absent. Il n’y est plus, il a été emporté par les balles assassines du pouvoir d’État. Étant sans secours, il nous faut chercher collectivement un recours pour préserver notre vie. Sinon, nous sommes foutus.

À cet effet, la seule solution qui se révèle efficace, à mon sens, pour notre survie, c’est l’autodéfense organisée à l’instar de l’agissement collectif et convergent des brigades de vigilance des quartiers de Croix-des-Prés, de Pacot, de Turgeau, de Débussy et surtout du Canapé-Vert, qui s’érigent en une forme d’État en miniature pour se prémunir du danger que représentent les ennemis publics et connus du peuple. C’est une initiative qui doit être fortement encouragée dans le contexte de guerre actuel.

Nous devons chanter en chœur : les quartiers de tous les coins et recoins du pays, indignons-nous, unissons-nous, armons-nous et constituons-nous en groupe d’autodéfense pour la préservation de notre vie et celle de nos proches ! Nous devons nous organiser contre cet État qui se pervertit en se gangstérisant, en armant d’autres groupes d’individus sur le territoire qu’il était censé contrôler. En agissant ainsi, cet État n’est plus digne d’être considéré comme tel. Il faut prendre la chose pour ce qu’elle est.

D’ailleurs, l’État ne peut perdre de territoire en restant intact, sachant que la notion de territoire est l’une de ses caractéristiques essentielles. C’est en ce sens que Max Weber, en le définissant, a écrit (à la page 125) dans Le savant et le politique ce qui suit : « […] il faut concevoir l’État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé – la notion de territoire étant une de ses caractéristiques –, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. Ce qui est en effet le propre de notre époque, c’est qu’elle n’accorde à tous les autres groupements, ou aux individus, le droit de faire appel à la violence que dans la mesure où l’État le tolère : celui-ci passe donc pour l’unique source du “droit” à la violence. »

Or, depuis au moins 2018, notre territoire commence à être livré, quartier par quartier, aux terroristes. Depuis lors, nous subissons la violence de toutes sortes, notamment physique et psychologique, de la part des groupements armés. Nous sommes, pour ainsi dire, livrés à nous-mêmes, du moins nous sommes à la merci des criminels sans foi ni loi, entretenus par l’État.

En définitive, nous sommes à la croisée des chemins où nous devons donc nous prendre en charge maintenant pour la reconquête de tout le territoire de notre pays et pour notre survivance sous le joug de cet empire gangocratique en pleine extension à tous les niveaux.

Chers compatriotes, levez-vous ! Car, ensemble, nous vaincrons.

Jean Willy BELFLEUR

GPL Media Libre

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