Quatre ans après le massacre de Village-de-Dieu, Haïti plus que jamais sous l’emprise des gangs

Quatre ans après le massacre de Village-de-Dieu, Haïti plus que jamais sous l’emprise des gangs

Le 12 mars 2021, une opération de la Police nationale d’Haïti (PNH) à Village-de-Dieu tournait au cauchemar. Pris en embuscade par le gang « 5 segonn », cinq policiers perdaient la vie : Pierre Lucdor, Alexis Vivender G.R, Desilus Wislet, Eugene Stanley et Anozart Patrick. Ce jour-là, les images des policiers tués et des véhicules blindés saisis par les criminels avaient choqué la nation, révélant la puissance des gangs face à un État impuissant.

Quatre ans après ce drame, la situation en Haïti n’a fait qu’empirer. Entre 2015 et 2024, plus de 320 policiers ont été tués, un chiffre alarmant qui montre l’intensité de la guerre entre les forces de l’ordre et les gangs armés. Rien qu’au cours des six premiers mois de 2024, 20 policiers ont été assassinés, tandis qu’en 2023, 34 policiers ont été tués et 22 autres blessés lors d’incidents liés aux gangs.

Le massacre de Village-de-Dieu n’était que le début d’une série de pertes tragiques. Aujourd’hui encore, des policiers tombent dans des embuscades, et leurs corps restent souvent introuvables. Certains sont dispersés, abandonnés dans des quartiers contrôlés par les gangs, tandis que d’autres sont mutilés et exhibés comme trophées de guerre.

Les policiers ne sont pas les seuls à subir cette vague de violence. Les agents des Forces armées d’Haïti (FADH), bien que peu impliqués dans les opérations contre les gangs, ne sont pas épargnés. Ils tombent aussi sous les balles des criminels, témoignant de la gravité de la situation sécuritaire.

Depuis 2021, les gangs continuent de renforcer leur emprise sur le pays. La PNH, malgré quelques tentatives d’intervention, ne parvient pas à reprendre le contrôle des zones stratégiques. Martissant, Cité Soleil, Croix-des-Bouquets, Carrefour, Gréssier, et même certaines zones de Delmas et de Kenscoff sont aujourd’hui des territoires inaccessibles aux forces de l’ordre.

Les criminels, mieux équipés et plus organisés, n’hésitent plus à attaquer directement les commissariats et à tendre des embuscades aux forces de sécurité. En face, la police manque cruellement de ressources, de munitions et de soutien gouvernemental.

Les familles des policiers assassinés continuent d’attendre que justice soit rendue. Mais l’impunité règne, et aucune enquête sérieuse n’a été menée pour poursuivre les responsables de ces massacres. Les gangs agissent en toute liberté, bénéficiant parfois même de complicités au sein de l’appareil étatique.

Le 12 mars 2021 restera une date tragique, non seulement pour la PNH, mais pour tout un pays. Ce jour symbolise l’effondrement d’un État face à des gangs devenus trop puissants. Quatre ans plus tard, une question se pose : combien de temps encore Haïti pourra-t-elle survivre sous le règne des criminels ?

Steeve Luc PIERRE

GPL Media Libre

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