Restauration de la sécurité, renforcement de la justice: Alix Didier Fils-Aimé présente un plan d’action

Restauration de la sécurité, renforcement de la justice: Alix Didier Fils-Aimé présente un plan d’action

Le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé a dévoilé, le 12 décembre 2024, un plan ambitieux pour restaurer la sécurité et renforcer la justice en Haïti. Ce programme, présenté lors d’un point de presse, se veut une réponse directe à la crise multidimensionnelle qui frappe le pays. Mais peut-il vraiment amorcer un changement durable dans un contexte marqué par la méfiance et l’instabilité ?

Lors de son intervention, le chef du gouvernement a annoncé plusieurs mesures phares. Pour soutenir les forces de sécurité, des avantages financiers significatifs ont été promis aux policiers, incluant un doublement des frais de la carte prépayée et une augmentation de 50 % des indemnités des employés civils de la Police nationale d’Haïti. En parallèle, des efforts techniques et financiers seront déployés pour renforcer les capacités opérationnelles de la Police nationale d’Haïti et des Forces armées d’Haïti.

Le Premier ministre a également insisté sur l’importance de la justice dans la lutte contre l’impunité. Il a donné des instructions claires au ministre de la Justice pour que les auteurs des massacres récents, notamment ceux perpétrés à Wharf-Jérémie et à Petite-Rivière de l’Artibonite, soient poursuivis et sanctionnés sévèrement. Par ailleurs, il a exprimé un engagement à fournir une aide humanitaire aux déplacés internes et aux rapatriés, répondant ainsi à l’urgence sociale causée par l’insécurité et les violences.

Ce plan ne se limite pas aux réponses immédiates. Le Premier ministre a annoncé des projets à moyen et long terme, comme la relance économique, une réforme constitutionnelle et l’organisation d’élections libres et transparentes dans un climat sécurisé. Il a aussi souligné l’importance d’une collaboration étroite entre les forces de l’ordre et la population pour restaurer un climat de confiance et jeter les bases d’un État de droit.

Toutefois, ce plan suscite autant d’espoirs que de doutes. Alix Didier Fils-Aimé, troisième Premier ministre à se succéder cette année, hérite d’une situation où la population reste méfiante, marquée par les promesses non tenues de ses prédécesseurs. Garry Conille s’était illustré par une multiplication d’engagements jamais réalisés, tandis qu’Ariel Henry a souvent été critiqué pour son inaction face aux crises.

Si les hausses de rémunérations pour les policiers peuvent contribuer à une motivation accrue, elles risquent de ne pas suffire sans un renforcement structurel des institutions de sécurité. De même, la promesse de poursuites judiciaires, bien qu’essentielle, pourrait se heurter à la lenteur et à l’inefficacité chronique du système judiciaire haïtien.

Les ambitions de relance économique et de réforme constitutionnelle, bien que nécessaires, dépendent étroitement d’une stabilisation préalable du pays. L’organisation d’élections dans un climat aussi tendu représente un défi de taille, et les résultats du plan dépendront largement de la capacité du gouvernement à traduire ses engagements en actions concrètes.

Ce programme constitue une lueur d’espoir pour une population épuisée par l’insécurité et la misère. Mais pour qu’il marque un réel tournant, il devra s’accompagner d’une gouvernance rigoureuse, d’une transparence exemplaire et d’un suivi constant. Le peuple haïtien attend désormais des actes, conscient que les discours, aussi ambitieux soient-ils, ne suffisent plus à répondre aux urgences du moment.

Steeve Luc PIERRE

GPL Media Libre

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