Massacre à Cité Soleil : Plus de 180 vies brisées par la vengeance d’un chef de gang
Ce week-end, Cité Soleil a basculé dans l’horreur. Environ 180 personnes âgées ont été sauvagement tuées sur fond de soupçons de sorcellerie. Ce massacre a été orchestré sur ordre de Monel Félix dit « wa Mikanò », un chef de gang en quête de vengeance pour son fils. Cette tuerie a été confirmée par le Réseau national de défense des droits humains, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, mais aussi par l’organisation Combite pour la paix et le développement.
À Port-au-Prince, les gangs armés continuent de montrer leur toute-puissance en massacrant de simples citoyens. Deux mois à peine après le massacre de Pont-Sondé, dans l’Artibonite, le quartier de Cité Soleil, en périphérie de Port-au-Prince, a été le théâtre d’une tragédie sans précédent où environ 184 personnes ont été tuées. Ce massacre a été ordonné par le dénommé Mikanò, un puissant chef de gang opérant à Cité Soleil, considéré comme le plus grand bidonville du pays.
Selon le Combite pour la paix et le développement, une affaire de sorcellerie, causant la mort du fils du chef de gang, serait à la base de cette nouvelle tuerie collective qui plonge les habitants de Cité Soleil, déjà en proie à la misère et à la violence, dans la tourmente.
Dans une interview accordée à RFI, Fritznel Pierre, directeur exécutif du Combite pour la paix et le développement, a fait savoir que la tragédie a débuté dans une salle communautaire où des personnes âgées se retrouvaient chaque après-midi pour jouer aux cartes et aux dominos. Des hommes armés ont soudainement fait irruption, interrompant brutalement ce moment de quiétude.
«?Sous la menace, ils ont forcé les victimes à se rendre chez Monel Félix, un lieu rapidement transformé en théâtre de l’horreur?», raconte le responsable, précisant que des pratiquants du vodou figurent parmi les victimes. Selon Fritznel Pierre, plus de 80 personnes sont encore en séquestration chez le caïd Micanor.
Ce nouveau massacre perpétré à Cité Soleil vient alourdir le bilan déjà lourd des personnes tuées dans le pays au cours de l’année 2024. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, qui mois après mois aide Haïti à comptabiliser ses morts, parle de 5 000 personnes tuées depuis le début de l’année.
Le gouvernement, de son côté, n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, la Primature dit condamner «?avec une indignation absolue l’atrocité inhumaine perpétrée à Wharf Jérémie, qui a coûté la vie à environ 180 compatriotes sans défense, orchestrée par le chef de gang Micanor?».
Selon le gouvernement, qui présente ses sympathies aux familles des victimes, c’est une ligne rouge qui a été franchie, et l’État mobilisera toutes ses forces pour traquer et anéantir ces criminels qui ne cessent de terroriser la population. «?La Justice frappera avec une rigueur exemplaire?», prévient le gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé.
