Haïti-inflation: les produits importés supplantent les locaux
De mois en mois, l’évolution des prix des produits consommés en Haïti devient de plus en plus préoccupante. C’est ce qui saute aux yeux en décryptant le dernier bulletin de la rubrique mensuelle de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI), intitulée « Le Coin de l’IPC ».
À travers ce bulletin, l’IHSI indique que l’Indice général des Prix à la Consommation (IPC, base 100 en 2017-2018) a enregistré en juillet une augmentation mensuelle de 1,1 % et une hausse annuelle de 30,0 %. En comparaison, les chiffres du mois précédent étaient respectivement de 1,0 % et 28,9 %.
Ce taux d’inflation annuel de 30 % est le plus élevé observé en Haïti depuis le début de l’année fiscale en cours. En effet, au cours du premier trimestre de l’exercice fiscal, soit d’octobre à décembre 2023, l’inflation a progressé de manière annuelle à des rythmes de 22,8 %, 22,2 % et 21,2 %. Pour le deuxième trimestre, couvrant les mois de janvier à mars 2024, les taux étaient de 20,9 %, 23,0 % et 26,7 % respectivement. Entre avril et juin, les hausses successives étaient de 27,3 %, 28,3 % et 28,9 %.
Un fait marquant de ce dernier bulletin est que, pour la première fois depuis octobre dernier, le taux de croissance annuel de l’IPC des produits importés dépasse celui des produits locaux. En octobre 2023, l’IPC des produits importés avait déjà atteint 23,1 %, surpassant légèrement celui des produits locaux, à 22,7 %. Toutefois, depuis lors, l’IPC des produits locaux a constamment augmenté plus rapidement que celui des importations.
Pour juillet 2024, le taux de croissance annuel de l’IPC des produits importés s’établit à 30,4 %, contre 29,7 % pour les produits locaux. Avec l’insécurité persistante dans le pays, la situation risque de s’aggraver, et une baisse des prix des produits locaux semble peu probable. Si l’augmentation des prix des produits importés se poursuit, les ménages haïtiens, déjà plongés dans une crise économique profonde, feront face à une pression encore plus intense.
Jonathan GÉDÉON
