Crise humanitaire : interventions ciblées du FAES à Hinche et ses environs

Crise humanitaire : interventions ciblées du FAES à Hinche et ses environs

Alors que le pays traverse une crise sécuritaire sans précédent, marquée par des déplacements massifs de population, le gouvernement haïtien tente de répondre à l’urgence humanitaire à travers ses institutions. C’est dans ce cadre que le Fonds d’Assistance Économique et Sociale (FAES), bras social de l’État, a intensifié ses efforts dans le département du Centre, après une première série d’actions dans l’Ouest.

Du 15 au 19 juillet 2025, une importante délégation, composée de représentants du Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST), de la Direction Générale de la Protection Civile (DGPC), de l’Office National de la Migration (ONM) et de cadres du FAES, s’est rendue dans plusieurs communes de la région pour coordonner et exécuter une série d’interventions d’urgence. Les communes ciblées incluent Hinche, Boucan Carré, Belladère, Thomonde et Savanette, toutes devenues des zones d’accueil pour des milliers de personnes ayant fui la violence armée dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.

Face à cette situation alarmante, le FAES a déployé une réponse multisectorielle axée sur trois volets principaux : l’alimentation, l’hygiène et l’insertion temporaire des déplacés internes. Au total, six restaurants communautaires ont été mis en place, chacun équipé de réchauds, bonbonnes de propane, ustensiles variés et denrées alimentaires de base. Ces cantines sont désormais opérationnelles à Belladère (1), à Boucan Carré (2 – centre-ville et Défaillis), à Hinche (2 – École Toussaint Louverture et École Immaculée), et à Thomonde (1).

Outre la dimension nutritionnelle, ces structures jouent aussi un rôle social important. Les cuisines sont en effet gérées par des déplacés internes eux-mêmes, sélectionnés parmi les personnes vivant sur les sites. Ils bénéficient d’un petit programme de travail rémunéré, permettant de soutenir leur autonomie financière dans un contexte où les opportunités économiques sont rares. Ce modèle de cash for work se veut à la fois solidaire et pragmatique.

Sur le plan de l’assistance alimentaire, la distribution de kits sans cuisson s’est révélée cruciale pour répondre aux besoins immédiats. Ces kits, composés de produits prêts à consommer, ont été répartis comme suit : 2 000 à Hinche (EFACAP : 650, École Toussaint Louverture : 600, École Immaculée : 300, mairie : 450), 1 500 à Boucan Carré (2e section : 650, Dufaillis : 750, 1re section Petite Montagne : 100), 1 000 à Thomonde, 1 000 à Belladère, 1 500 à Savanette et 3 000 au sein des familles d’accueil.

Cette dernière catégorie, bien souvent négligée dans les dispositifs humanitaires, héberge pourtant la majorité des déplacés : selon les estimations du FAES, environ 77 % des PDI dans le département du Centre vivent aujourd’hui dans des familles hôtes. Ces foyers, déjà précaires pour la plupart, se retrouvent ainsi sous une pression considérable, d’où la nécessité d’y acheminer également de l’aide alimentaire.

Par ailleurs, la question de l’hygiène a été intégrée à la stratégie d’intervention. Un total de 1 550 kits sanitaires a été distribué : 500 à Hinche, 400 à Belladère, 300 à Boucan Carré, 200 à Savanette et 150 dans les familles d’accueil. Ces kits contiennent des produits de base destinés à prévenir les maladies et à maintenir une certaine dignité dans des conditions de vie souvent rudimentaires.

Pour les responsables du FAES, cette série d’interventions ne représente qu’une première étape. « Nous avons agi dans l’urgence, mais nous savons que ces personnes auront besoin d’un accompagnement à moyen et long terme. Nous appelons à une coordination interinstitutionnelle renforcée, ainsi qu’au soutien des partenaires techniques et financiers pour aller plus loin », a déclaré un cadre de la délégation, sous couvert d’anonymat.

En effet, malgré l’effort gouvernemental, les besoins restent colossaux. L’insécurité persistante empêche tout retour organisé des déplacés dans leurs zones d’origine. Les communes d’accueil, déjà marginalisées sur le plan économique, peinent à absorber ce choc démographique.

Si l’action du FAES est saluée pour sa rapidité et sa portée, elle met aussi en lumière l’insuffisance des structures d’accueil, l’absence de politique nationale cohérente pour les déplacés internes, et la fragilité chronique de l’État haïtien face aux crises multidimensionnelles.

Au-delà des chiffres et des distributions, c’est donc un appel plus large à la solidarité et à la reconstruction sociale qui est lancé. Un appel à ne pas se contenter d’une réponse humanitaire ponctuelle, mais à penser dès maintenant la résilience des territoires d’accueil.

Jean Daniel PIERRE

GPL Media Libre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *