À Lascahobas, les armes font taire les examens de la 9e année
Les balles ont remplacé les stylos. Le silence studieux des salles d’examen a cédé la place aux rafales d’armes automatiques. À Lascahobas, le dernier jour des épreuves officielles de 9e année a été interrompu dans la panique et la désolation. En cause : l’avancée brutale de la coalition armée Taliban–400 Mawozo, qui, dans l’indifférence générale, étend sa domination sur le département du Centre.
Les élèves ont fui, les surveillants se sont terrés, et l’État, comme d’habitude, a brillé par son absence. Alors que des milliers de civils quittent la commune pour échapper à l’emprise des groupes armés, l’administration publique reste muette, aveugle, inerte.
Déjà tombées aux mains des terroristes, Saut-d’Eau et Mirebalais avaient lancé l’alerte. Lascahobas n’est qu’un chapitre de plus dans une descente aux enfers que personne ne tente d’enrayer. Même un véhicule de la Police nationale d’Haïti n’a pu échapper à la violence : incendié, réduit en cendres. Ce que l’on n’ose plus dire à haute voix, c’est que l’État a perdu le contrôle. Le territoire se délite, commune après commune.
L’école haïtienne est devenue une illusion : un décor vide, sans protection, sans avenir. Pire, un piège. On y envoie les enfants pour qu’ils grandissent, on les y sacrifie à la violence et à l’inertie politique. Que leur reste-t-il ? Des traumatismes, des désillusions, et une promesse trahie : celle d’un avenir meilleur.
L’annulation de cet examen n’est pas un simple incident logistique. C’est un symbole fort, un signal d’alarme, un acte d’abandon. Ce gouvernement, qui prétend restaurer l’ordre, ne garantit même plus la sécurité d’un enfant assis à son pupitre.
Pendant ce temps, les balles continuent de pleuvoir. Et l’école, dernier refuge d’espoir, s’effondre dans un silence assourdissant.
