Violence armée: hier main fédératrice des gangs, aujourd’hui le BINUH dénombre les morts
Pendant que les civils meurent par centaines et que des quartiers entiers sont rayés de la carte, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) publie un nouveau rapport alarmant sur les violences à Kenskoff. Pourtant, il n’est pas inutile de rappeler que cette même institution, sous la direction d’Hélène Lalime, a longtemps servi de main fédératrice aux gangs armés.
Autrefois ennemis, le G9 et G-Pep se livraient une guerre sanglante. Aujourd’hui, sous le label de « Viv Ansanm », ils sèment ensemble la terreur à travers la capitale. Et le BINUH, qui hier encore vantait l’effet positif de la trêve entre gangs, joue aujourd’hui les indignés. Cynisme ou amnésie stratégique ?
Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a publié, ce 7 avril 2025, un communiqué alarmant faisant état d’un bilan effroyable à Kenskoff. Selon les chiffres fournis, au moins 262 personnes ont été tuées, 66 blessées, près de 200 maisons incendiées, et plus de 3 000 habitants contraints de fuir.
L’enquête conjointe avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) révèle également des actes de barbarie : femmes et enfants exécutés dans leurs domiciles, viols collectifs, cadavres brûlés… Une véritable horreur.
La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, Maria Isabel Salvador, a dénoncé ces exactions en déclarant : « Les attaques contre Kenskoff ont été d’une brutalité extrême, dans le but de semer la panique au sein de la population. » Cependant, derrière cette indignation officielle se cache une vérité beaucoup plus dérangeante.
En 2020 sous la houlette d’Helen Lalime, l’institution onusienne qualifiait de « trêve bénéfique » l’accord entre groupes armés dans la capitale. Le rapport du 25 septembre 2020 adressé au Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, allait jusqu’à affirmer que le contrôle accru du G9 sur certaines zones avait entraîné une baisse des homicides volontaires.
« Le renforcement du contrôle du G9 sur certaines parties de l’agglomération semble avoir eu une incidence sur les grandes tendances de la criminalité. » Le même rapport osait même avancer que cette prise de contrôle aurait permis de réduire les homicides de 12 % entre janvier et août 2020, par rapport à la même période en 2019.
Une déclaration pour le moins choquante, d’autant plus que le G9 était déjà reconnu comme une fédération criminelle violente, liée à plusieurs massacres documentés, notamment à La Saline et au Bel-Air. À cette époque, le G9 et le G-Pep s’opposaient violemment, se disputant le contrôle de territoires et de ressources.
Mais peu à peu, grâce à une série d’ententes souterraines, ces groupes rivaux se sont unis sous une nouvelle bannière : « Viv Ansanm ». C’est cette alliance toxique qui, aujourd’hui, plonge Haïti dans un cauchemar quotidien, multipliant les attaques, les enlèvements et les assassinats.
Et qui a rendu possible cette fusion ? Le BINUH, en servant de caution morale et en fédérant indirectement ces groupes sous couvert de « stabilisation ».
Aujourd’hui, alors que le BINUH prétend alerter la communauté internationale sur la gravité de la situation, il est légitime de questionner sa sincérité. Peut-on vraiment jouer les observateurs neutres quand on a été l’un des architectes silencieux de la débâcle actuelle ?
Derrière les beaux discours et les rapports chiffrés, se cache une responsabilité historique. Celle d’avoir, à un moment donné, préféré composer avec le mal plutôt que de le combattre.
