Haïti-football féminin: quand l’incompétence des autorités brise des rêves
Alors que la sélection haïtienne féminine U-17 devait affronter le Costa Rica dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde, une partie de l’équipe, dont les joueuses locales et le staff technique a été contrainte de rester au pays, faute de visas de transit et de moyens logistiques. Une situation qui illustre, une fois de plus, l’abandon du football haïtien par ses propres institutions.
La fédération dépassée, l’État absent
Dans une note officielle, la Fédération Haïtienne de Football (FHF) explique que les autorités dominicaines ont refusé les demandes de transit, limitant l’octroi de visas aux « cas strictement humanitaires ». Parallèlement, l’insécurité a rendu impossible le trajet vers Cap-Haïtien, dernier point de départ envisageable pour un vol international.
Mais au-delà de ces contraintes, où était la préparation de la FHF ? Pourquoi n’a-t-elle pas anticipé ces obstacles, comme le font d’autres fédérations confrontées à des contextes tout aussi difficiles ? Pourquoi aucune intervention diplomatique d’urgence n’a-t-elle été entreprise ?
Et surtout, où est l’État haïtien ? Comment expliquer que des délégations sportives d’autres disciplines, souvent moins structurées, parviennent à voyager, tandis que ces footballeuses sont abandonnées à leur sort ?
Deux poids, deux mesures : Le mépris envers le football féminin
Il est frappant de constater que cette situation touche une sélection féminine, déjà marginalisée dans un milieu dominé par les hommes. Pendant ce temps, des délégations bien moins méritantes, voire « vauriennes », réussissent à se déplacer sans encombre pour des réunions sans aucune valeur pour Haïti.
Cette disparité soulève une question fondamentale : y a-t-il une véritable volonté de développer le football haïtien, ou simplement d’en tirer profit au détriment de l’intérêt général ?
La FIFA et la CONCACAF : Un soutien sélectif ?
La FHF redoute des sanctions en cas de forfait. Mais où est l’aide de la FIFA et de la CONCACAF ? Ces instances disposent pourtant de fonds et de protocoles d’urgence pour les pays en crise. Pourquoi restent-elles silencieuses ?
Plutôt que de faire des menaces, elles devraient exiger des garanties des autorités haïtiennes et dominicaines pour assurer la libre circulation des sportifs. Mais, comme toujours, Haïti est relégué au rang de parent pauvre.
L’État Haïtien : Complice de l’Échec
Le véritable scandale, c’est l’indifférence totale du gouvernement. Aucune coordination avec la République dominicaine, aucune escorte sécuritaire pour permettre aux joueuses de rejoindre un aéroport, aucune volonté politique.
Pendant que des millions sont engloutis dans des projets fantômes, le sport, l’un des rares secteurs où Haïti pourrait encore briller, est laissé à l’abandon.
Jusqu’à quand ?
Ce n’est pas qu’un simple incident sportif. C’est le reflet d’un système défaillant, où l’incompétence et le mépris étouffent toute possibilité de progrès.
La FHF doit repenser sa gestion et son anticipation. L’État doit enfin considérer le sport comme une priorité nationale. Quant à la communauté internationale du football, elle ne peut plus se permettre de détourner le regard.
Sinon, le football haïtien continuera de mourir à petit feu, emportant avec lui les rêves de toute une génération.
Jean Daniel Pierre
