Un siècle de passion et de lutte : le football haïtien à la croisée des chemins
Le centenaire de la sélection nationale haïtienne de football (22 mars 1925 – 22 mars 2025) est une occasion unique de célébrer un patrimoine sportif riche en émotions, en exploits et en passion. De la qualification historique pour la Coupe du monde 1974 à l’ascension récente de jeunes talents, Haïti a prouvé qu’elle est une terre de football.
Pourtant, derrière ces moments de fierté nationale se cache une réalité plus sombre : la mauvaise gouvernance de la Fédération Haïtienne de Football (FHF), un fléau qui empêche le football haïtien d’exprimer tout son potentiel.
Depuis des décennies, la gestion de la FHF est marquée par des scandales, des détournements de fonds et une absence criante de planification à long terme. Le cas le plus emblématique reste celui d’Yves Jean-Bart, l’ancien président de la fédération, accusé d’abus sexuels sur de jeunes joueuses, une affaire qui a gravement entaché l’image du football haïtien à l’international. Cet épisode tragique n’est que la face visible d’un système gangrené par le clientélisme et l’impunité.
L’inefficacité administrative et le manque de transparence ont également des répercussions directes sur les performances de nos sélections. Tandis que d’autres pays investissent massivement dans la formation des jeunes et l’amélioration des infrastructures, Haïti continue d’évoluer dans des conditions précaires. L’unique stade est en ruine, les championnats locaux sont irréguliers, et les clubs peinent à survivre faute de financement adéquat.
Un Centenaire Sans Réels Progrès ?
À l’occasion de ce centenaire, Haïti affrontera l’Azerbaïdjan pour marquer symboliquement cette date historique. Mais que célèbre-t-on réellement ? Une histoire de passion et de résilience, certes, mais aussi un siècle de mauvaise gestion et d’occasions manquées.
Les Grenadiers ont toujours pu compter sur le soutien indéfectible du peuple haïtien, mais combien de talents ont été sacrifiés à cause du manque de structures adaptées ? Combien d’espoirs ont été brisés faute d’encadrement et de vision ?
Plutôt que de se contenter de slogans creux et de commémorations symboliques, il est temps d’exiger des réformes profondes. Une fédération compétente, intègre et tournée vers le développement du football à tous les niveaux est une nécessité absolue. Le centenaire de la sélection nationale ne doit pas être une simple fête, mais le point de départ d’une véritable reconstruction.
Les Grenadiers méritent mieux. Le peuple haïtien mérite mieux. Le football haïtien mérite mieux.
Jean Daniel PIERRE
