Haïti sous emprise des gangs : Leslie Voltaire pointe Michel Martelly comme responsable

Haïti sous emprise des gangs : Leslie Voltaire pointe Michel Martelly comme responsable

Alors que Leslie Voltaire, président du Conseil de transition, affirme que les gangs contrôlent moins de 85% de Port-au-Prince, la situation sur le terrain raconte une toute autre histoire. Au début de cette semaine, la commune de Kenscoff, située à 24 kilomètres de la capitale, a été prise d’assaut par des gangs lourdement armés. Des familles entières ont été massacrées, des maisons incendiées, et des habitants contraints à la fuite. Pendant ce temps, Voltaire, en pleine tournée européenne, continue d’accuser l’ancien président Michel Martelly d’être à l’origine de l’explosion du banditisme en Haïti.

Invité sur TV5 Monde, dans l’émission 64’, Leslie Voltaire n’a pas mâché ses mots en qualifiant Michel Martelly de « père des gangs ». Selon lui, c’est sous la présidence de Sweet Micky que le phénomène a pris une ampleur incontrôlable. « Nous avons eu une présidence qui a légalisé les bandits », a-t-il déclaré sans détour. Interrogé sur le dirigeant concerné, il a répondu sans hésitation : « Michel Martelly. » Pour être encore plus explicite, il a rappelé que l’ex-président était un artiste, éliminant toute ambiguïté.

Si Voltaire reconnaît que la violence gangrène le pays, il rejette néanmoins l’idée que 85% de la zone métropolitaine est sous contrôle des groupes armés. « Ils pensent qu’ils contrôlent 85%, mais en réalité, c’est moins que cela », a-t-il affirmé, sans pour autant avancer de chiffre précis. Il a également tenu à souligner que « la situation est calme dans huit départements géographiques sur dix », laissant entendre que l’insécurité est moins généralisée que certains ne le prétendent.

Mais pendant que Voltaire tente de minimiser l’ampleur de la crise, les attaques contre Kenscoff montrent que les gangs ne cessent d’étendre leur territoire. Dans cette localité qui, jusqu’à récemment, était considérée comme un refuge pour de nombreux déplacés, des scènes d’horreur se sont déroulées. Des hommes armés ont envahi la ville, tuant des familles entières et brûlant des maisons, forçant une population déjà vulnérable à fuir dans des conditions effroyables.

Dans ce contexte de chaos, Voltaire met en avant les avancées réalisées par les forces de l’ordre, notamment grâce au soutien des policiers kényans, qui, selon lui, ont permis de « réduire l’influence des gangs » dans l’Artibonite, où la PNH et les contingents étrangers auraient « pourchassé » les bandits, limitant ainsi leur champ d’action.

Les déclarations de Voltaire suscitent de vives réactions. Son attaque frontale contre Michel Martelly ne surprend pas, tant l’ancien président est régulièrement accusé d’avoir entretenu des liens avec des groupes criminels. Mais sa tentative de relativiser le contrôle territorial des gangs pourrait être perçue comme une déconnexion totale avec la réalité du pays.

Alors que les habitants de Kenscoff viennent de vivre l’un des épisodes les plus sanglants de ces derniers mois, les discours politiques semblent de plus en plus éloignés du vécu des Haïtiens. Pendant que le Conseiller-Président assure que l’influence des gangs recule, les attaques se multiplient et l’insécurité s’étend, laissant peu d’espoir d’une amélioration à court terme.

Steeve Luc PIERRE

GPL Media Libre

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